7 - Critique littéraire

 
 

TRAVEL IN THE TIME

immédiate départure

nov30


Mon grand-père : ce héros



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La corrélation se fait immédiate à la lecture du titre. Pour vous aussi ?

En partant, notamment, pour une petite épopée du côté du général-comte Hugo. Cet officier dans les armées de Napoléon 1er, lors de la conquête d’Espagne qui a inspiré « après la bataille ». « O souvenirs ! Printemps ! Aurore ! ». Nous pourrions rester contemplatifs longtemps sur l’œuvre entière de l’éminent Victor… J’ai fait le choix de vous parler aujourd’hui du premier livre de Nicole Nonin Grau, « Mon grand-père : ce héros », publié aux Editions du Panthéon. Un roman mémorial, où l’auteur guide le lecteur au moyen d’une écriture juste, passionnée et profonde.

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Eugène Nonin est né dans le Berry. Il monte à Paris, y fait carrière et se marie avec Suzanne. Il a pour unique objectif de construire sa vie. L’homme est intelligent et devient un soldat « sans le vouloir ». Un obus fauche ce sergent-major à Beaumont-sur-Vesle le 25 mai 1916. Grièvement blessé à la colonne vertébrale, il meurt après seize jours d’agonie. Il laisse derrière lui une femme et deux orphelins. Quelques fragments de vie et des mots qui pèsent… Sa petite fille Nicole, raconte avec émotion et sincérité l’absurdité de cette horreur sans nom. Eugène est un héros malgré lui, comme tous ces hommes disparus dans l’illogisme de la Grande Guerre. L’auteur dresse un portrait poétique de son grand-père. « Ce destin tragique fera de mon grand-père un héros inscrit au panthéon des « oubliés » comme tant d’autres ». Le ton est donné. L’auteur entre en immersion dès l’introduction de l’ouvrage, dans la vie de son ancêtre qu’elle n’a pas connu. Ce récit est d’une très grande qualité, beaucoup de références historiques, un journal qui décrit l’enfer au jour le jour. C’est un vrai cadeau, au fil des mots et de l’histoire, il donne une connaissance de la guerre que seuls ceux qui l’on faite, vécue, peuvent avoir. Il présente aux générations futures une image claire de ce conflit mondial, sans poussée au noir, ni flatterie.

Extraits :

"Onze ans après la défaite de 1870 contre la Prusse, des bataillons scolaires sont organisés. Les enfants dès 12 ans sont élevés dans la haine du "boche". Eugène va naitre trois ans plus tard en Berry". "Eugène (…) effectue son service militaire sous le matricule 5329 où il entre comme 2e classe. En 1895, il deviendra caporal puis sergent pourrier en 1896 et (…) à la suite sergent-major. Pendant cet intervalle, il montera à Paris. (…) En cette époque encore joyeuse, une exposition chasse l’autre. L’Exposition universelle de 1900 s’annonce". "Suzanne est née à Paris dans le vaste appartement situé au dessus de la brasserie. (…) Des yeux verts, une chevelure épaisse et brune remontée en chignon". Des fiançailles suivent et Eugène reçoit ce bonheur tout neuf. "Il se prend à aimer Paris et ne peut s’empêcher de penser qu’il a ici de bonnes cartes en mains. (…) Le 12 avril 1904 le mariage s’annonce. (…) Ils se marient dans le Xe arrondissement, il a 31 ans et Suzanne 22 ans". Deux enfants naitront à la suite de leur union. "De bouche à oreille et d’un journal à l’autre, des informations de plus en plus sombres circulent (…), on peut donc lire : le 28 juin 1914, l’Archiduc François Ferdinand (…), C’est la guerre (…), Le poilu Eugène Nonin est incorporé dans l’infanterie (…), Il n’y a en pas pour longtemps, j’écrirai souvent et protège les enfants". "S’en sortir : s’en sortir coûte que coûte. Ces mots cimentent la détermination des poilus et tourmentent leurs cerveaux. (…) Il est assoiffé, il regarde autour de lui. Il interroge le ciel, mais il ne pleut pas. Il faudrait seulement une ondée (…) En avant ! En avant ! Montez (…), le sergent-major Eugène Nonin a pris l’assaut au commandement. C’est l’attaque de trop". "D’un seul déplacement incontrôlé, elle s’agenouille à côté du lit où se trouve Eugène puis s’assoit (…), oui c’est elle (…), leur bonheur est immense et les submerge".

« Adieu la vie, adieu l’amour

Adieu toutes les femmes

C’est bien fini, c’est pour toujours

De cette guerre infâme

C’est à Craonne, sur le plateau.

Qu’on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous des condamnés.

C’est nous les sacrifiés »

(Chanson de Craonne)




Ce bel ouvrage de Nicole Nonin Grau intervient après une carrière administrative et deux années de reportage en Normandie. Il est l’aboutissement d’un long passé d’amour de l’écriture et de la poésie.
 
 
 


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